Tels des cadrans solaires, ces sculptures révèlent le parcours de la lumière du soleil par un jeu d’ombres et de lumière évoluant au fil de la journée en soulignant le passage du temps ». JCP juillet 2010.
Un art de transformation En mai 2012, la lecture de ce passage in « Les rouages du Yi jing » de Cyrille Javary m’a interpelé. « Quant au caractère Yi 易 changement, ce qu’il dessine est bien intéressant. Il est formé par la combinaison d’un signe représentant le soleil 日 et d’un autre  勿  les fils de la pluie. Le sens global de ce caractère naît de la simple juxtaposition de ces deux images naturelles : les changements du temps – l’incessant passage de la pluie au soleil et du soleil à la pluie – servent d’emblème à l’idée générale du changement. »
Ce travail s’inscrit avec et dans le temps. Les éléments de l’installation sont à la fois signifiants/signifiés. Les fuselages polis suggèrent les traits de la pluie, captant le soleil et le déclinant au fil de sa course diurne, évoquent l’incessant passage du temps, le changement : le passage d’un état à l’autre. Notions d’impermanence et d’éphémère. Ici le visiteur en déambulant autour de l’installation vit cet état de transformation par la combinaison, par l’hybridation des artefacts et de la Nature.
Jean-Charles Pigeau, sculptures d’espace
« Si j'étais écrivain et mort, note Roland Barthes, comme j'aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d'un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons des « biographèmes » dont la distinction et la mobilité pourraient voyager hors de tout destin et venir toucher, à la manière des atomes épicuriens, quelque corps futur, promis à la même dispersion ; une vie « trouée », en somme. » La démarche de Jean-Charles Pigeau renvoie à cette parole du philosophe tant il est avéré que toute œuvre trouve son origine dans la biographie de son auteur. Celle de Pigeau en est du moins une parfaite illustration. Il n’en est pas une qui ne soit l’expression d’une expérience vécue, éprouvée au plus profond de lui-même. En son for intérieur. Le temps y est l’un de ses partenaires privilégiés, l’artiste traçant son chemin à l’écart de tous les vents coulis ambiants et à la seule injonction d’une nécessité. Porté par l’indicible d’une intuition, Jean-Charles Pigeau va où celle-ci le conduit. S’il a toujours su devoir un jour aller en Asie, longtemps le Mexique l’a retenu – on n’appréhende pas des siècles et des siècles de culture sans s’y consacrer pleinement –, aussi a-t-il attendu le moment opportun pour se rendre en Extrême-Orient. Quand celui-ci est arrivé, il s’y est trouvé tout naturellement, comme si cela allait de soi, en parfaite connivence.

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