Pluie. Le dessin de la pluie, les imagiers nous l’ont donné sous la figure du trait. Le mode « graphique » adopté par Jean-Charles Pigeau ne serait il donc qu’une traduction volumétrique de la voie illustrative ? Le sens de ces obliques pourrait effectivement s’épuiser là si le trait s’y manifestait sans l’ambiguité de l’élément utilisé par le sculpteur : le javelot, figure et matière que Jean-charles Pigeau a tirées de ses recherches sur le combat (« Le ring », « Shadow-boxing », ect.). D’une œuvre à l’autre, le javelot a quitté une vocation simplement expressive pour se transmuer progressivement en « matériau » d’une écriture : trait dans tous les sens du mot, trait qui peut subir le travail d’une graphie. Car tout pareil à l’idéogramme qui s’enrichit du sens que la main qui le trace a su lui ajouter dans un modelé qui le fait devenir poème, le javelot est ici une matière-signe qu’une mise en volume, en situation – un « phrasé » d’espace – amène à la réalité d’une sculpture.

Claude Eveno. 1985

   

Leave a Reply