Le 11 août 1999, l'artiste français Jean-Charles Pigeau a réalisé une installation sur les flancs du Popocatépetl au Mexique. Cette œuvre s'inscrit dans le cadre des différents voyages et interventions qu'il a réalisés au Mexique comme une continuité de sa réflexion artistique : on se rappellera l'installation des « Conques » sur le site de Xochitécatl en 1998, suivie d'une présentation au Musée Rufino Tamayo. L'installation intitulée « Offrandes » fait suite à une réflexion qui comme à son habitude lie la nature et l'art contemporain, mais cette fois se double d'une préoccupation scientifique. L'artiste reprend les chartes sismographiques de l'éruption du 30 juin 1997 et les traduit en une œuvre tridimensionnelle en terre. Ces sculptures en terre crue séchée au soleil, réalisées à Tlayacapan, ont été déposées face au volcan près de Metepec. Cette action est un rappel des offrandes déposées sur le Popocatépetl à l'ère préhispanique qui se poursuit encore aujourd'hui dans un syncrétisme originel et particulier propre au Mexique.

L'installation éphémère est une pensée pour la fresque peinte rehaussée d'argile crue de Cacaxtla et pour le poème sur l'éphémère de Nezahualcoyotl (1).L'érosion des sculptures, dont la terre retournant à la terre souligne la notion du temps qui passe, est le symbole d'un cycle qui s'accomplit. Comme l'écrit Philippe Piguet (2) : « Le principe fondateur qui règle la démarche de Jean-Charles Pigeau et qui gouverne la genèse de chacune de ses œuvres - Suite pour ciel seul(1988), Cosmogonies(1990), les Conques(1993). - est de nature cosmique dans l'intelligence d'une relation au quotidien tant micro que macroscopique de l'univers. » La pensée de l'artiste Jean-Charles Pigeau est toujours celle du « rituel » et s'inscrit dans le questionnement de l'origine.

Grâce au soutien de la Fondation Guerlain pour l'Art Contemporain, Jean-Charles Pigeau produit des sculptures à Tlayacapan (3)en juillet 1999. En août, après de longs repérages, il réalise l'installation des neuf éléments de terre crue sur les flancs du volcan. Mercredi 11 août, il entreprend un travail photographique sur l'installation « Offrandes » dans son état premier, face au volcan spontanément en activité.

En 2000, de retour sur le site, Jean-Charles Pigeau prolonge son travail photographique, sur les vestiges des éléments de terre crue, détruits par le feu. Il compose une mosaïque d'images - qui n'est pas sans rappeler la structure des pyramides préhispaniques - pour les transposer en une impression jet d'encre sur toile. On retrouvera cette nouvelle œuvre, mémoire d'Offrandes, intitulée « Impressions» (2000), dans « Par delà les tropiques», livre édité par Actes Sud en 2002.

                                                                                                            Julian Zugazagoitia

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