Les Conques de Jean-charles Pigeau au Centre Culturel Tjibaou de Nouméa
Jean-charles Pigeau est un homme du lien. Du lien indicible entre les éléments et la matière, entre l'espace et le temps. Il parcourt les espaces, saisissant d'un lieu à l'autre, d'une culture à l'autre, ce lien imperceptible qui relie les hommes à la nature, à leur passé et au cosmos.
Il explore le monde, cherchant les signes qui lui désigneront le lieu précis où Les Conques pourront se poser. Elles y demeureront le temps nécessaire pour révéler, en harmonie avec le lieu d'accueil, le souffle du temps.
La présence des Conques au Centre Tjibaou n'est pas fortuite. Jean-Charles Pigeau est venu à la rencontre de la culture kanak dont il pressent les liens invisibles qui l'unissent au-delà de l'espace et du temps à d'autres cultures et que Les Conques pourraient aider à saisir.
Le vent évoque le souffle et la parole. C'est le symbole de la conque dans le monde kanak. La conque se dit döö en langue ajië. Elle résonne chaque année pour marquer le début de la saison de l'igname. Elle proclame l'igname nouvelle et marque le temps du don des prémices d'igname aux aînés. Elle annonce le moment rituel de la communion entre l'homme et la nature, le temps social du renouvellement des liens entre les hommes. L'espace de temps entre deux sonneries de conques s'appelle né-döö et sert à désigner « l'année ». La conque marque ainsi la respiration du temps.
Dressées en 1998 devant la pyramide précolombienne de Xochitecatl dédiée au dieu du vent, Les Conques de Jean-Charles Pigeau se dressent aujourd'hui devant le Centre culturel Tjibaou. Faisant face à l'alizé, elles s'offrent au vent venu de l'Est comme pour l'appeler. Elles répondent aux cases de Renzo Piano qu'on entend chanter lorsque les alizés se lèvent. Comme ces dernières, elles filtrent le souffle du vent qui les traverse, révélant par instant son message.
Emmanuel Kasarhérou Directeur culturel de l'ADCK, Centre Tjibaou.

Leave a Reply