Axis mundi 2008-09 projet pour le Templo Mayor. Mexico.

« Un jour nous nous sommes retrouvés, Jean Charles et moi, dans le Templo Mayor des Aztèques. Notre intention était de réaliser une œuvre qui donnerait à voir en quoi cet édifice constituait le centre de l'univers aux yeux de ses créateurs. Il fallait tenir compte des points cardinaux de l'univers – nord, sud, est et ouest - car dans la pensée indigène, chacun d'eux était associé à une couleur, à une plante, à un oiseau, à un glyphe et à un dieu. Le résultat fut surprenant : la silhouette du Templo Mayor était prise à l'intérieur d'une espèce de grande cloche avec pour seules couleurs le blanc et le doré*. Le temple existait et en même temps n'existait pas, son image surgissait de nulle part. Je n'avais encore jamais vu, en dépit d'avoir côtoyé des artistes et des créateurs, une manière aussi fine et subtile de former à partir du vide un édifice d'une telle transcendance pour un peuple qui le tenait pour le centre de l'univers : à travers lui on pouvait accéder aux niveaux célestes ou descendre dans l'infra-monde ; c'est de son centre que partaient les quatre directions de l'univers.... »

Extrait du texte de Eduardo Matos Moctezuma responsable des fouilles du Templo Mayor. 2013. Mexico Concept du projet

Par le biais d’une sculpture contemporaine, monumentale inspirée du profil architectural du Templo Mayor, la mémoire du préhispanique est transposée au cœur même de la ville de Mexico, sur le site archéologique. (Lieu à définir).
Cette sculpture permet de révéler la mémoire enfouie du Templo Mayor, (rasé par les Espagnols après la conquête et son emplacement oublié, jusqu’à ce que les fouilles de 1978 mettent à jour les fondations).
En pénétrant dans le réceptacle de forme campane, sur la coupe de la paroi, le visiteur découvre un relief architectural en creux, composé de strates concentriques, issu du profil de l’architecture préhispanique du Templo Mayor, tourné à 360 degrés.
Telle une anamorphose…
Sous les pieds, au centre de l’œuvre, un miroir en acier concave et poli crée une illusion de profondeur, telle une anamorphose, capte l’image du regardeur, mêlée à celle de la sculpture et du lieu dans lequel elle s’inscrit.
L’ouverture centrale du miroir réceptacle, symbolise l’axis mundi.
Autour de ce miroir reliant ciel et terre, un chemin d’enceinte, invite à la déambulation. Par l’ouverture supérieure (dans l’axe des deux sanctuaires), la lumière solaire et ou artificielle se reflète dans le réceptacle.
Cette œuvre est une coupe de l’histoire mexicaine, créant un espace propice à la contemplation. «Axis mundi» devient un outil de mémoire, permettant au promeneur de vivre ses propres émotions face à l’histoire et par là, facilite son appropriation par les visiteurs.
La qualité esthétique du miroir me renvoie à la grande qualité d’exécution des œuvres préhispaniques du musée, (tapadera de obsidiana, orejeras, pendiantes) et au disque de jade bi-pi*5) objet permettant de calculer la position des astres, ici le jade symbolise la voûte céleste, sculpture faisant écho aux « pectoraux mexica » présentés au musée d’Anthropologie de Mexico.
En écoutant Eduardo, défilaient dans mon esprit les images d’oeuvres préhispaniques mêlées aux sténopéphotographies réalisées autour des ceibas et cénotes du Yucatan*6)